Avec la réforme de la politique de la ville intervenue en janvier 2015, les nouveaux quartiers prioritaires ont été remodelés sur la base du critère de concentration de population à bas revenus sur un territoire urbain, reléguant définitivement sur un autre plan les critères précédemment retenus relatifs au bâti, aux difficultés sociales, qui pourtant avaient permis de construire de nombreux dispositifs. Des zones urbaines sensibles, aux contrats urbains de cohésion sociale, les « ghettos » des banlieues françaises ont bénéficié de multiples interventions des politiques publiques, sans pour autant que le bilan sombre sur l’état des quartiers ne s’éclaircisse, sur le plan de la pauvreté, du chômage, de l’exclusion, du retard scolaire.
L’absence de volonté réellement politique a été fustigée pour expliquer les carences de la politique de la ville, et un changement de paradigme s’est avéré nécessaire pour recentrer les efforts et les actions sur les zones les plus sensibles, dont les écarts de développement sont criants avec les autres territoires. Résultat de cette remise en question, les nouveaux quartiers ont été dessinés en retenant comme critère, la comparaison des bas revenus du quartier aux revenus de l’agglomération dans laquelle il se situe, et aux revenus de la France métropolitaine.
La France métropolitaine en compte désormais, depuis janvier 2015,1 300, dont 272 sont situés en Île-de-France. Le département du Val-de-Marne en dénombre 42. Sur ses 47 communes, 22 sont concernées par un ou plusieurs quartiers prioritaires de la politique de la ville, soit près d’1 habitant sur 10.
Le rapport qui vient d’être publié sur chacun de ces territoires à partir des données allocataires témoigne de la gravité de la situation, et éclaire le débat public sur la politique de la ville.
Les données les plus préoccupantes concernent la pauvreté : 57,6 % de la population allocataire de ces territoires vit en dessous du seuil de pauvreté de 1028€ par mois et par unité de consommation, contre 39,8 % pour l’ensemble du département soit plus de 17 points d’écart.
Autres données sensibles, les allocataires dépendants des prestations à 100 % sont près d’un sur quatre dans les nouveaux quartiers prioritaires mais à peine un sur cinq dans l’ensemble du département ; et près d’un tiers de la population allocataire (30,3 %) perçoit le Revenu de solidarité active (Rsa) contre 20,6 % dans le Val-de-Marne.
Dans ces territoires, qui correspondent aux quartiers les plus difficiles des villes val de marnaises, près d’un mineur sur deux vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, et les jeunes de 16 à 17 ans sont deux fois plus touchés par la pauvreté.
Quant aux actions envers les populations fragiles susceptibles d’être mises en œuvre dans ces quartiers, ce sont les familles monoparentales et les jeunes inactifs de 16 à 17 ans exclus de toute filière d’insertion, que les politiques publiques doivent accompagner. Elles sont effectivement surreprésentées dans les quartiers de la politique de la ville : respectivement 23,7 % et 20,5 % contre 18,5 % et 12,2 % dans le département.
Pour continuer d’éclairer les acteurs susceptibles d’intervenir sur ces territoires, il est apparu important de tenter de les classer selon les critères socio-économiques traduisant une fragilité sociale dans un ordre de difficultés décroissant. Il apparait ainsi que les cinq premiers quartiers les plus sensibles sont : Pierre Et Marie Curie à Ivry-sur-Seine, Les Mordacs à Champigny-sur-Marne, Le Quartier Nord-Les Tours à Villeneuve-Saint-Georges, Fabien à Bonneuil-sur-Marne et Mont Mesly – La Habette – Coteaux Du Sud à Créteil.
Toutes les données sociales, relatives à la démographie des allocataires, aux familles et enfant(s), à la jeunesse, au logement, aux revenus et aux minima sociaux ont été déclinées par quartiers. Elles sont issues du fichier des allocataires de la Caf du Val-de-Marne et leur mise à disposition a été rendue possible grâce à la géolocalisation des adresses contenues dans ces fichiers. Elles peuvent être retrouvées dans le rapport produit par la Cellule Technique de Réflexion et d’Aide à la Décision (Ctrad, service d’études des Caf en Ile-de-France) consultables sur :
http://www.caf.fr/ma-caf/caf-du-val-de-marne/partenaires/etudes-et-statistiques/donnees-sociales-sur-les-quartiers-prioritaires-de-la-politique-de-la-ville-dans-le-val-de-marne .
Pour contacter la CTRAD : ctrad.cafcreteil@caf.cnafmail.fr